Abdominaux et badminton : attention aux pratiques culturelles !
Partie 1
Le travail des muscles abdominaux dans le monde du badminton est monnaie courante et nul ne conteste son intérêt ni les méthodes de travail. Sur ce dernier point, il y a pourtant beaucoup de choses à dire. Le simple fait d’observer la plupart des pratiques concernant ce travail abdominal est bien souvent un vrai supplice pour le préparateur physique que je suis. Ces pratiques inadaptées sont le fruit d’une culture de l’entraînement datée et surtout d’une méconnaissance des mécanismes sous-jacents. Ici encore, nous voyons que l’expérience ne suffit pas et qu’elle a besoin de connaissances actualisées pour que l’on puisse prétendre à une analyse pertinente de la discipline et des pratiques qui en découlent.
Le rapprochement épaule-bassin : la pire chose à faire.
La quasi-totalité des exercices qui visent à renforcer la ceinture abdominale et qui sont pratiqués dans le monde du badminton sont basés sur le rapprochement des épaules vers le bassin, l’inverse et même les deux en même temps ce qui est encore pire. En effet, ce rapprochement va augmenter la pression intra-abdominale. Cette augmentation de pression va pousser les organes (viscères, estomac, etc…) vers le bas. A plus ou moins long terme, ces exercices pourront donc occasionner des descentes d’organes, incontinences, relâchement périnéal avec un risque accru chez la femme. Ce raccourcissement de la distance épaule-bassin va également produire des forces de cisaillement au niveau des disques intervertébraux et les comprimer avec des risques d’hernie discale, de sciatique, d’autant plus s’ils sont faits rapidement… Sans oublier l’augmentation des risques d’hernie abdominale et inguinale, c’est-à-dire lorsque les intestins passent à travers les zones de faiblesse des muscles abdominaux (orifices herniaires). Ces hernies, assez fréquentes chez les grands sportifs, sont dues à une mauvaise gestion des efforts et donc à une augmentation trop importante de la pression abdominale avec une poussée vers le bas (B. de Gasquet).
Le raccourcissement des grands droits : un faux ami
A l’heure actuelle, le travail abdominal se limite presque exclusivement au raccourcissement des muscles grands droits parfois couplé avec celui des petits et grands obliques. Certes, les grands droits sont des muscles esthétiques puisqu’ils sont à l’origine des belles tablettes de chocolat. De plus, leurs attaches en haut sur le sternum et les dernières côtes, et en bas sur le pubis permettent ce raccourcissement qui pousse à l’erreur. La fonction des grands droits est en fait l’équilibration avec la partie arrière (muscles de la zone lombaire). En fin de compte, les grands droits servent à lutter contre le raccourcissement de ces muscles postérieurs pour que l’on ne se plie pas en arrière. Les grands droits ne devraient donc jamais être entraînés en raccourcissement (contraction concentrique) mais en statique (contraction isométrique). Le principe est le même pour les muscles du dos auxquels j’ai fait référence plus haut…les fameux «dorsaux» allongés face au sol avec raccourcissement de la distance bassin-épaule par pliage postérieur est une maltraitance physique profonde à bannir absolument ! Ceux-ci entraînent un tassement usant la charnière lombaire en comprimant systématiquement les mêmes disques.
Pour conclure cette première partie, je pense que la remise en question de la pratique des abdominaux tels qu’ils sont faits aujourd’hui est une tâche trop lourde pour nombre de joueurs de badminton et d’entraîneurs quel que soit le niveau. Les croyances sont fortement enracinées de la même manière qu’elles le sont au sujet des étirements que j’aborderai dans un dossier futur. Pourtant, un renforcement approprié des abdominaux et notamment du transverse (complètement délaissé…) peut éviter bien des pathologies futures et surtout être un véritable tremplin vers des performances d’un autre ordre en badminton. La transmission des forces s’en trouvera optimisée, l’efficience et la précision de l’ensemble des actions sera augmentée. Le joueur de badminton pourra donc être plus puissant, plus économique et plus précis dans l’ensemble de ses actions motrices.
Bon entraînement intelligent à tous !
Maxime Michel
DESJEPS Badminton
Préparateur physique
Philippe Michel
Professeur Agrégé EPS
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C’est bon à savoir car j’étais en train de préparer ma prépa et une des idées restait bien évidemment ces fameux «dorsaux» allongés face au sol. Que conseillez-vous alors pour travailler les dorsaux sans les maltraiter ?